Systèmes et géométrie.

tableau siteville rose formatTout est système. Pour l’aspect qui m’intéresse, il s’agit d’une  cohabitation entre un environnement et une combinaison d’individus dans un espace donné géographiquement investi, construit ou restructuré pour s’adapter aux impératifs,  désirs et finalités de ceux qui y circulent. Le concept même de  système est inséparable de l’idée de mise en relation des différents éléments d’un tout et c’est, de ce fait, aussi ce qui définit notre relation au monde et à l’autre. Chaque élément se place par rapport à d’autres et ne prend tout son sens que par rapport aux autres. Si dans notre ressenti, il peut régner une impression de confusion quant à notre capacité à définir et accepter notre choix ou notre place dans l’agencement des combinaisons possibles, mis à distance, le système va paraître plus harmonieux et plus  cohérent. A une certaine distance, les différences, incohérences, incompatibilités, antagonismes, se fondent et s’effacent car les zones de frictions deviennent invisibles.

La peinture, telle que je la conçois et essaie de l’exprimer en accord avec cette recherche d’harmonie dans nos distorsions et déviations est aussi une tentative de fixer le moment optimal où la cohabitation entre les formes disparates et les écarts chromatiques est la meilleure possible. A chaque fois que je construis un tableau, je tente de faire vivre en bonne intelligence  des formes géométriques telles que le carré, le rectangle, le triangle, le cercle,  et autres formes hybrides. Je cherche à les relier entre elles, en délimitant des plans, en traçant des traits de mise en réseau, en établissant des ponts de continuité, en insistant sur la présence récurrente  de champs de couleurs  qui définissent un environnement ou font l’interface entre deux éléments isolés. L’effort de construction est conscient et patient, le dernier trait clôt le travail de recherche et d’adaptation pour faire émerger la meilleure harmonie possible. Je ne souhaite pas peindre le beau au sens conventionnel du terme. Je crois que l’oeil doit s’habituer  à voir que les choses qui sont, par nature, ou par  nécessité, juxtaposées d’une certaine  façon que l’on pourrait d’emblée considérer comme étant accidentelle, inappropriée, voire néfaste,  peuvent fonctionner « en bon voisinage » mais aussi  conserver leur identité propre. Ainsi, chaque partie du tableau, s’enrichit des échanges qu’elle entretient avec d’autres espaces, produisant croisements, échos et complémentarités qui portent la cohérence imparfaite  de nos interactions spécifiques, individuelles et collectives.

L’émotion esthétique et le plaisir qui y est associé passent pas la re-connaissance d’une harmonie et d’une cohérence qui nous guident et nous structurent. Cette reconaissance peut de façon éphémère   nous donner l’espoir d’un monde meilleur où l’humain serait au centre, prendrait soin de son environement et composerait avec ses semblables.

 

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